vendredi 12 mars 2010

Les banksters


Extraits de l'article de J. Cl. Guillebaud dans le TéléObs du 4 mars 2010: "Violences à l'horizon", en réaction à l'émission "C dans l'air" de Yves Calvi du 19 février 2010

"(...) Rappelons que le "Petit Robert" donne du mot "prévarication" une définition qui n'implique pas forcément l'illégalité. Venu d'un mot grec qui signifie "abandon de la loi divine", le substantif désigne un acte de mauvaise foi commis dans une gestion. A ce titre, les dirigeants de la banque Goldman Sachs - et avec eux tous ceux qu'on appelle outre-Atlantique les banksters de Wall Street - agissent bel et bien en prévaricateurs sans foi ni scrupules. (...) Non seulement nous comprenons mieux les stratégies obliques de Goldman Sachs, capable d'encourager - coûteusement - un pays à dissimuler ses comptes puis, aussitôt après, de spéculer sur la déroute de son propre client, quitte à mettre au passage l'euro en difficulté. Les lois peuvent dire ce qu'elles veulent, force est d'admettre qu'un escroc classique n'agit pas différemment. Ainsi donc la première banque des Etats-Unis se comporte-t-elle en pure prédatrice, guidée par cet unique et étrange tropisme, la cupidité, que dénonce le prix Nobel Joseph E. Stiglitz, dans son dernier livre, "le Triomphe de la Cupidité". Il y a pire. On nous rappelle maintenant que les dirigeants - ou anciens dirigeants - de ladite banque ont infiltré la pouvoir politique américain, Maison-Blanche comprise. On en rencontre à la tête de la FED (la Réserve Fédérale), dans le proche entourage de Bill Clinton et, aujourd'hui, dans l'entourage d'Obama lui-même. Cela signifie que la direction de la première puissance du monde est largement subvertie, voire arraisonnée, par des "experts" qu'en d'autres temps on aurait qualifiés de forbans. Vu de loin, le "rêve américain" semble pulvérisé par l'empire de la cupidité.
Songeons aux conséquences lointaines de cet engloutissement moral. Vu de dehors, ce n'est pas seulement l'image de l'Amérique qui s'en trouve atteinte, mais celle de l'Occident tout entier. Pourrions-nous défendre les droits de l'homme, la démocratie, la liberté, le statut de la femme et le reste, si nous sommes perçus comme une anti-civilisation principalement gouvernée par la goinfrerie et le mensonge? Que pèseront les dédaigneuses critiques adressées à la "radicalité politique" d'extrême gauche quand nous serons, pour de bon, dans la main des banquiers? Apercevons-nous le boulevard qu'ouvre durablement aux terroristes la démence avérée d'un système prétendument "universel"? Attendons-nous à ce qu'elle allume un jour ou l'autre, en retour, des violences dont nul ne peut prévoir l'ampleur. Le fondateur de la république tchèque, Tomàs Garrigue Mazayik adressait en 1914 à ses militants l'avertissement suivant: "Pour affronter durablement une tyrannie, commencez par deux principes: ne mentez pas, ne volez pas." Les maîtres du moment - et du monde - font l'inverse. Les sots!" J.Cl.G.

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