dimanche 19 décembre 2010

SOYONS A NOTRE TOUR DES "DISSIDENTS" RÉSOLUS

Dans une récente chronique, Jean-Claude Guillebaud affirme de manière convaincante (Nouvel Obs 2406, p.47) que "le libéralisme ne fait que reproduire les tics de la langue de bois marxiste". Que pensez vous de ce texte?
"Les prosélytes du marché et les cléricaux du capitalisme sursauteraient si on leur disait que leur vision du monde ressemble dorénavant à celle des anciens marxistes. Hors tel est bien le cas. Depuis la chute du communisme, tout s'est passé comme si, en se rigidifiant, le capitalisme avait repris ingénument à son compte, les dogmes controuvés du système vaincu. Bien quelle en fut en tout point ahurissante, cette recopie est passée inaperçue (...)
L'arraisonnement de l'économie politique par les mathématiques a permis de prétendre que la théorie libérale ou le consensus de Washington" étaient rationnels et donc indiscutables. Ce faisant on réinventait à nouveaux frais les dogmes du "socialisme scientifique" dont on mesure rétrospectivement l'absurdité. La vulgate néolibérale telle qu'elle est enseignée dans les écoles de commerce se fonde pourtant sur cette superstition. En réalité, l'économie politique véritable consiste à user des moyens adéquats pour faire aboutir un "projet", subjectif et éthique, c'est à dire démocratiquement choisi. Elle est le contraire d'une science. De même, la référence obsessionnelle à la mondialisation ressuscite, sous une autre appellation, le fameux “sens de l'histoire" auquel les marxistes nous sommaient d'obéir. Dans un cas comme dans l'autre, on convoque une pseudo contrainte "objective" pour éliminer la principale liberté démocratique, celle de la décision.
On psalmodie du même coup une "promesse" mirobolante, celle de la prospérité planétaire à venir. On reprend ainsi, sous une autre forme, les expressions en usage dans l'ancien monde communiste: avenir radieux, lendemains qui chantent et autre turlupinades. Elles faisaient office d'opium du peuple et devaient convaincre ce dernier de consentir aux sacrifices du présent, au nom d'un futur qui reculait à mesure. les néolibéraux nous répètent aujourd'hui que les souffrances sociales sont le prix à payer pour atteindre l'équilibre des comptes publics et la compétitivité, c'est à dire le bonheur. La même remarque s'impose à propos de ce que j'appelle déni du réel ou persévérance diabolique. Dans l'ancienne langue de bois marxiste, on excusait les dysfonctionnements de l'économie centralisée en expliquant que ces économies n'étaient pas assez "communistes". On procède pareillement aujourd'hui: les défaillances, les injustices et les blocages de nos économies prouveraient qu'elle ne sont " pas assez " privatisées et dérèglementées. Même tour de passe passe, même déraison idéologique. Quand à la confiscation du pouvoir d'achat par les plus riches alors même que tous les autres sont abandonnés à leur sort, qu'est ce donc sinon la résurgence du phénomène de la "nomenklatura" qui privilégiait à l'est une infime et arrogante minorité d'apparatchiks ?
Certes, on dira qu'entre ces deux jumeaux historiques une discordance fondamentale demeure: celle de la liberté. Soit. Notons pourtant que le renforcement insidieux sur le Vieux Continent, d'une démocratie autoritaire fondée sur la surveillance, le flicage et la pénalisation réduit peu à peu la différence. Au bout du compte, les dirigeants chinois qui mettent en oeuvre un "vrai " système capitalo-communiste ont compris cette objective - et effarante- convergence. C'est contre elle qu'il faut être à notre tour des "dissidents" résolus."

PRÉVENTION ET SOLIDARITÉ SOCIALE

Notre société impose à chacun un rythme soutenu, parfois même effréné. Ce rythme est particulièrement insupportable pour une partie de la population fragilisée par la maladie ou les accidents de la vie, qui décroche pour bricoler des solutions toujours précaires. L'accès aux soins est de plus en plus difficile et amène à une "automédication" par l'alcool ou les substances en vente libre qui aggravent cette désinsertion. Le travail et le logement, liés dans un cercle vicieux, s'effondrent en même temps, et la perte de sens devient ainsi totale. Le replis qui en résulte est "supportable" quand les conditions extérieures sont assez bonnes, mais dès les premiers froids venus, cette population en souffrance irait à la mort si elle s'obstinait dans son isolement. Les structures d'accueil ne doivent donc pas seulement répondre aux situations d'urgence au moment où la crise, à la fois cause et effet d'une répartition des richesses trop inégale, a accru le nombre d'exclus du système.
Dans le passé, ces défaillances, ces bugs dans le système, étaient prises en charge par la cellule familiale, le quartier, le village... Ces structures tolérantes sont mises à mal par l'individualisme dominant de nos jours et hérité du monde anglo-saxon. Le corps social et ses institutions se doivent de palier aujourd'hui ces dérèglements car, si nous n'y prenons garde, ces brisures dans les marges pourraient devenir des fissures au coeur même de l'édifice social tout entier, secoué profondément par les effets de la mondialisation et du manque de régulations responsables.
La dimension sociale doit donc être investie par une véritable volonté politique. Sa rentabilité n'est pas manifeste et difficilement chiffrable, mais elle s'inscrit dans le temps et dans une logique de construction. Elle respecte les possibilité et les impasses de chacun. C'est pourquoi le social,descendant direct d'un principe de solidarité germanique, est souvent confié aux organismes bénévoles et caritatifs. Il nous faut donc convaincre nos politiques que la prévention et la solidarité sont les seules véritables réponse à apporter dans le social, autant que dans la sécurité, la santé, l'éducation...

jeudi 16 décembre 2010

"S'ILS CHIAIENT DE L'OR LEUR CUL NE LEUR APPARTIENDRAIT PLUS" Proverbe portugais


Avec l'hôpital et la prison, il y a la rue pour accueillir les "fragiles", les "inadaptés", les "révoltés", les "accidentés" que le système crée à la marge de sa logique de production.
Cette population qui subit ou choisit l'exclusion n'est pas assez malade (ou trop malade) pour être traitée par le système médical de plus en plus intéressé par des marchés "juteux", de plus en plus gestionnaire et de moins en mois asilaire. Elle n'est pas assez violente pour être réprimée, voire incarcérée par une prison toujours plus répressive et sans projet de réinsertion une fois la peine accomplie.
L'été, ces humains à la marge sont tolérés. Parasites (sur)vivant des déchets que notre société de sur-consommation rejette, elle sert de repoussoir à ceux qui ne veulent pas suivre le rythme éffréné qui leur est proposé, imposé: produire, consommer, produire... Mais, l'hivers, ils ont l'impudence de venir crever sous nos fenêtres, agrippés à l'air chaud d'une bouche d'aération. Le froid les fait sortir parfois de leur abris de fortune et ils sont accueillis dans nos services sociaux programmés pour tenter de les réinjecter dans le système, dans la norme. Avec condescendance, on les assiste; en juges, on les culpabilise, on les jauge à l'aune de nos seules valeurs morales et marchandes. Mais quand on tend l'oreille, quand on commence à les écouter, à recevoir véritablement leurs histoires singulières, quand ils commencent à donner la seule richesse qui leur reste, leur parole, la culpabilité qui les enchaînait à leurs destins d'exclusion relâche son étreinte mortelle. Mais il faudrait pour cela accepter la fragilité, l'aspect cyclique de leurs parcours. Les structures devraient être, dès lors, adaptées à ce travail au long cour. Mais pour cela il faut accepter d'investir dans la prévention, dans ce qui n'a pas de valeur marchande directe, dans le droit à la différence et l'inévitable de certaines errances... Le hors norme est ce qui vient délimiter le monde social normé. Il faut le respecter, le soutenir, sans souci de rentabilité à court terme. C'est cette générosité, cette acceptation de la différence, ou leur absence, qui donnent une idée du degré d'humanité que nous avons atteint.
S.D.F., clochards, marginaux, inadaptés, fragiles... Ils ne chient pas de l'or, mais une souffrance dont on ne sait que faire. Alors, on détourne le regard tant que cela est possible et la peur nous serre la gorge, nous pousse toujours plus au chacun pour soi. La solidarité doit être considérée comme une affaire d'état, comme la seule digue qui peut contenir la folie dévastatrice d'une cette implacable logique, celle de l'argent roi.

mardi 30 novembre 2010

LE DÉSIR EST UNE SUPPOSITION


Qu'est ce qui fait que quelqu'un a le désir de vivre, de s'enthousiasmer, d'espérer contre tous les bonimenteurs qui prêchent le désespoir, le "A quoi bon?!" Un homme mélancolique me disait ce sentiment nouveau de "vivance", une femme me disait qu'elle était "née dans un truc détoilé (sic). D'autres ont un ciel avec de bonnes étoiles, pas moi!"
Mario Monicelli a de l'humour. J'apprends aujourd'hui que le réalisateur du film "Le pigeon" vient de s'envoler en sautant par la fenêtre de la chambre où il était hospitalisé. La supposition qu'il y avait un sens à sa vie s'était probablement envolée avant, elle aussi.

dimanche 3 octobre 2010

LIBÉRALISME OU SOLIDARITÉ ? POUR UNE ECONOMIE DE L'INTERDÉPENDAANCE


L'individualisme, cultivé comme principe idéologique même de notre capitalisme, est basé sur le cloisonnement, la séparation et l'égoïsme. Le principe de concurence c'est, par définition, chacun pour soi: individu contre individu, institution contre institution, industrie contre industrie, groupe financier contre... A chaque niveau, le même schéma, la même logique: le profit maximal à court terme, quelles qu'en soient les conséquences à moyen ou à long terme sur les plans économiques, sociaux, écologiques, etc ! Les systèmes de solidarité hérités de la philosophie sociale germanique ont été ringardisés et ont laissé la place au système anglosaxon qui a poussé à l'extrême la logique du "self made man". Cette autonomie apparait aujourd'hui illusoire ou, pour le moins voué à s'alimenter de crises, de ruptures dramatiques et cycliques qui creusent toujours plus les inégalités dans la répartition des richesses. La concurence s'est mondialisée et un matraquage idéologique arrive à imposer aux masses une vision pessimiste, fataliste de l'avenir où, malgré ses effets dévastateurs, le chacun pour soi est promu comme la seule issue à cette fuite en avant. Comment revenir à une conscience de l'interdépendance de tous les êtres? Comment "imposer", face à cet individualisme dévastateur une attitude plus respectueuse de l'autre et un système de répartition des richesses basé sur une solidarité plus grande? Comment lutter contre cette avidité toujours plus grande qui donne à ceux qui y succombent des moyens toujours plus grands d'imposer à la majorité cette tyrannie de l'argent? Il y a là une difficulté logique difficile à contourner s'il n'y a pas une volonté réelle de fonctionner de manière radicalement différente, de produire, de consommer, de vivre avec son semblable. Est ce la violence destructrice d'une future crise (inévitable), qui poussera chacun à se replier encore dans ces réflexes maladifs ou à s'ouvrir enfin à cette loi incontournable de l'univers: l'interdépendance de tous les êtres?

jeudi 23 septembre 2010

A L'ENVERS LE MONDE !

Nous entendons partout que les gouvernements doivent "prendre des mesures pour rassurer les marchés financiers".
Le peuple doit se serrer la ceinture et cracher un peu plus au bassinet pour que nos pays dépensiers soient bien notés et qu'on nous prête notre propre argent à un taux pas trop élevé... Mais ce sont ces marchés financiers et leurs agences de notation qui ont besoin d'être rassurés... Et personne ne s'insurge contre ces inepties. Le conditionnement a bien porté ses fruits! Ce ne sont pas ces marchés qui ont besoin de notre force de travail et de notre argent que nous mettons dans leurs coffres avec la plus grande confiance. C'est nous qui avons besoin de leurs spéculations, de leurs bulles financières, de leurs produits toxiques et du travail qu'ils nous donnent et pour lequel nous devrions les remercier, car ils pourraient bien aller ailleurs! Diviser pour mieux régner: les vieilles recettes marchent de mieux en mieux!
Ce sont eux qui ont mis des millions de personnes à la rue, sans assurances retraites, sans maison, sans travail et leur envoie aujourd'hui les huissiers et la police pour récupérer ce qu'ils peuvent au milieu des haillons.
Ce sont eux qui poussent chaque pays vers des réflexes protectionnistes, des politiques xénophobes, voire autistes, faisant grandir chaque jour l'insécurité, la misère et l'intolérance au quotidien... Et ce sont eux qui ont besoin d'être rassurés afin de bien nous noter! Si nous sommes dociles et payons pour leur incurie, leurs expériences aveugles, leurs jeux irresponsables et destructeurs, ils pourrons continuer à jouer. Mais nous aurons le droit de payer à nouveau, très prochainement, et encore plus cher, les conséquences de ce grand Monopoly planétaire. Pas tout de suite, non ! La machine a été relancée pour quelques temps grâce à l'aide généreuse de nos Etats! Le bénéfices ont repris et restent privés. Attendons la prochaine crise et les pertes, elles, seront à nouveau collectivisées.
Car c'est bien nous les gaspilleurs, qui jouons avec le feu, qui rêvons de social, de solidarité, d'égalité et autres foutaises qui coûtent trop cher ! Voyons, revenons à la raison (du plus fort). Soyons dociles et nous serons bien notés... Soyons bien notés, et ils seront assurés encore quelques temps d'avoir de jolis dividendes.

mercredi 5 mai 2010

DICTATURE ECONOMIQUE ET CAPITALISME TOTALITAIRE


Moi qui ai un mal fou avec les chiffres, je rêverais - s'il y avait une deuxième vie - d'être économiste...
Ainsi, j'écoutais une émission sur Honkong, qui montrait par quel mécanisme l'appétit insatiable capitaliste mènera bientot ce pays comme bien d'autres à être dévoré par la Chine. Les chinois ont l'air d'avoir tous les atouts en main. Sans bruit, patiemment, ils rendent les pays capitalistes débiteurs. Ils leur vendent des produits manufacturés à bas prix grace à l'organisation communiste et entassent des liquidités qu'ils prêtent à ces pays toujours plus endettés. Ces derniers en ont cruellement besoin et se retrouvent enchaînés à des plans de remboursement bien verrouillés. Débiteurs un à un, ils deviennent peu à peu dépendants, redevables, craignant que la Chine ne leur coupe les subsides qui permettent au système de continuer à mener grand train. Le système capitaliste semble aujourd'hui hors de contrôle, comme le prédisait Marx. Les produits financiers s'auto-engendrent par "titrisation. C'est un véritable cancer financier qui se déploie en dehors de toute réalité financière, de tout support matériel, dans une sorte de réaction en chaîne qui échappe aux politiques et qui condamne les marchés financiers à poursuivre cette course vers une inévitable explosion. La Chine pourra elle bientôt ramasser les morceaux et renforcer cette dictature de l'économie au lieu de la subir? Là-bas, il y a un pilote dans l'avion capitaliste: c'est l'Etat totalitaire.

dimanche 25 avril 2010

Ignorance-Haine-Amour


Si j'ignore que je hais ce que j'aime cela fait retour dans le réel.
Si l'on n'écoute pas la haine que je ressens face à l'excitation qui m'envahit, je hais l'autre pour qu'il me haïsse et me mette à la distance qui m'était nécessaire et qu'il n'a pas su instaurer.

samedi 3 avril 2010

"Le cognitivisme ça sert à faire la guerre!"


Article de Thierry Fromentin
http://www.freud-lacan.com/article/article.php?url_article=tflorentin290310#

La troisième vague, tel est le titre d'un des derniers ouvrages francophones destiné à présenter le cognitivo-comportementaliste, à la suite du cognitivisme et du comportementalisme.

S'agit il d'une vague d'assaut ?

Avons-nous suffisamment pris conscience, les uns et les autres, que nous n'avons ici pas seulement affaire à des théories, faut-il encore prouver qu'elles existent, à une pratique, ni même à des applications, mais à un programme.

Et que ce programme, qui revendique son appui sur les neurosciences, est en train de s'emparer à petit pas du contrôle plein et entier d'un certain nombre de domaines majeurs de la vie, individuelle, publique et collective, et pas seulement la vie psychique.

Pas seulement la psychanalyse, même si celle-ci se trouve être dans sa première ligne de mire.

Avez-vous par exemple entendu parler du Law and neurosciences project, fruit de la coopération entre plusieurs universités et administrations américaines, qui se donne pour objectif d'utiliser les données de l'imagerie cérébrale comme preuve à charge afin de démontrer la culpabilité d'un suspect, sa responsabilité pénale, ou ses tendances déviantes, afin de parvenir à changer les lois aux Etats-Unis (1) ? Connaissez vous leur devise ? The time is now, "le moment est venu".

Nous assistons à l'extension hégémonique d'un scientisme des temps nouveaux, sous sa forme la plus moderne, le neuroscientisme.

Le cognitivo-comportementalisme en est un de ses fers de lance, sans en être pour autant le seul.

Quelle en est sa visée ?

Parvenir à constituer un homme nouveau, littéralement un changement de la nature humaine.

Ceux qui auront appréciés les grands évènements du XXème siècle que furent le nazisme et le stalinisme sauront reconnaitre la patte inhérente à tout système totalitaire.

Et notre fascination, la fascination collective pour ce type d'entreprise, la servitude volontaire, montre que nous, l'espèce humaine, justement, l'affaire homme disait Romain Gary, n'avons non seulement su tirer aucune leçon du passé, mais que nous sommes prêts à en redemander.

Cette fois cependant, il n'y aura besoin d'aucune violence ni contrainte pour nous l'imposer, le neuromarketing, aux techniques déjà bien rodées, ayant quant à lui largement et au-delà de ses espérances, réussi sa percée et son implantation durable dans nos vies et dans nos habitudes de consommation. Il suffit de se promener dans les allées d'un supermarché, pour que vos sens olfactifs, visuels, et auditifs, soient pris en charge de façon subliminale pour amener vos pas là où il a été décidé de vous emmener.

Et la neuroéconomie ?

L'ultra libéral Guy Sorman nous donne les linéaments de ce qui nous attend (2) :

"Les acteurs économiques ont tendance à se conduire à la fois rationnellement et irrationnellement. Les travaux en laboratoire ont démontré qu'une partie de notre cerveau endosse la faute pour nombre de nos décisions à court terme économiquement erronées, tandis qu'une autre est responsable des décisions sensées dans ce même domaine de l'économie, prises généralement à plus long terme. Tout comme l'Etat nous protège des asymétries d'information chères à Akerlof en condamnant le délit d'initié, ne devrait il pas aussi nous protéger de nos propres impulsions irrationnelles ?"

Tout en nuançant, cependant : "...Il serait absurde de recourir à l'économie comportementale pour justifier la restauration des régulations étatiques excessives. Après tout, l'Etat n'est pas plus rationnel que l'individu, et ses actions peuvent avoir des conséquences énormément destructrices. La neuroéconomie devrait nous encourager à rendre les marchés plus transparents, et non pas plus régulés"

A la fin de sa vie, en 1936, le prix Nobel Ivan Pavlevitch Pavlov, qui aimait à se présenter à ses collègues scientifiques en Occident comme un réfractaire au système bolchevique, et qui avait pourtant reçu tous les pouvoirs, et tous les privilèges de la part de Lénine, puis de Staline, déclarait dans un aveu renversant, et ce au moment même où plus de cinq millions de paysans étaient déjà morts, des suites de la famine ou de la déportation, et alors que l'URSS vivait sous terreur, que "ses découvertes étaient la base scientifique de l'expérimentation sociale réalisée en l'URSS en vue de l'édification du surhomme soviétique. (3)".

Il y a tout de même une différence d'avec un régime totalitaire, c'est que nous ne pouvons identifier aucune tête véritable à ce programme, qui viendrait en répondre devant un Nuremberg de l'humanité.

Il n'y a pas de théorie du complot à dénoncer, pas de grand décideur, pas de Big Brother qui superviserait les recherches en neurosciences.

Il n'y a pas une tête, mais des têtes, des têtes bien faites pourtant, des chercheurs émérites et doués, aux motivations variées, et qui avancent, en rang dispersé, mais tout à fait déterminé et cohérent, au service d'une cause, celle de la modernité.

Quelle est cette modernité ?

S'agit il de la modernité des Lumières, comme certains, ici ou là, ont pu le soutenir ?

Cependant les Lumières n'ont jamais renié la subjectivité telle que ce nous voyons aujourd'hui à l'oeuvre.

Pourrait on parler d'une modernité de la modernité, une "seconde modernité", une modernité d'un type nouveau, comme tendrait à l'avancer Marie-Jean Sauret dans son ouvrage, L'effet révolutionnaire du symptôme.

Une modernité composée, dit-il, de "l'alliage d'une technoscience entendant fabriquer l'objet qui manque à chacun, et d'une idéologie scientiste soutenant que rien ne doit plus jamais rester impossible ?"

Il y aurait donc un grand Autre de l'Autre, revendiqué par les neurosciences et ce sont les techniques cognitivo-comportementales, des instruments qui permettraient d'agir directement et immédiatement sur le réel.

Pourrions nous cependant être à ce point naïf pour penser que tout cela s'arrêterait là, et que l'homo cognitivus, enfin débarrassé des tracas de la castration, et qui vient de faire chuter la muraille de l'impossible, ne vienne relancer sans cesse l'offre cognitiviste ?

Nous ne le savons pas, mais nous dirigeons vers des techniques encore et toujours plus performantes, d'augmentation cognitive, de "rehaussement" cognitif.

Il s'agit, entre autres, de programmes d'interventions invasives sur le cerveau, on appelle cela la nanorobotique cérébrale, par implantation de microprocesseurs dans telle ou telle zone du cerveau, l'hippocampe par exemple, programmes mal connus du grand public, et pour le moment réservés à l'ingénierie militaire.

Mais oui, l'ingénierie militaire.

Vous pensiez sans doute aux services hospitaliers de rééducation neurologique, où cette recherche viendrait contribuer à proposer une suppléance à des grands déficits neurologiques invalidants, et vous n'y êtes absolument pas.

Car comme l'écrit Joelle Proust, qui présente ces travaux dans un récent numéro de la Revue Le débat (4), avant qu'il soit proposé à tout un chacun de faire librement son marché parmi les dispositifs d'augmentation cognitive, de choisir d'améliorer son raisonnement, sa capacité de planifier, ou la capacité de ses affects, ces programmes sont avant tout destinés à faire la guerre, à fabriquer une nouvelle espèce dans l'humanité, hybridée de l'homme et de la machine, où les limitations de la biologie auraient disparu.

"Que deviendrait l'humanité", demande-t-elle, "si ces techniques étaient confisquées par une faction décidée à imposer ses vues industrielles, religieuses, ou sa domination politique ?".

Fiction, spéculation hasardeuse ?

On repense à Pavlov, aux hommages appuyés qui lui furent rendus par les gouvernements soviétiques, longtemps après sa disparition, au soutien continu qu'il reçut de Staline pour ses recherches.

On repense aussi à Burrhus Frederic Skinner, ce théoricien du behaviorisme à qui la plus grande association de psychologues des Etats Unis, l'Association Américaine de Psychologie, décerna en 1990 le titre de "the most prominent psychologist of the century", et à son roman Walden Two, récemment traduit en français (5), qui décrivait ce que pourrait être une démocratie idéale qui organiserait sa base sociale sur des concepts behavioristes.

On sait qu'à la suite de ce roman, un certain nombre de communautés furent encouragées à se créer, il en persiste toujours une, active depuis plus de trente ans, Los horcones (6), au nord du Mexique, forte d'une cinquantaine de membres, et qu'elle continue à étudier sur ceux-ci l'interaction socio-comportementale.

Le chef de file actuel de la psychologie comportementale sur le continent latino-américain, Ruben Ardila, fit encore mieux, en écrivant un Walden Tres, qui concernait cette fois non plus une communauté d'individus, mais un Etat, une nation, même si pour les besoins du roman, l'expérience tournait mal, et que les protagonistes se retrouvèrent assassinés par la C.IA., ou finirent en prison.

Pour les besoins du roman, seulement, car pour les comportementalistes, il ne fait aucun doute que le type de gestion sociale imaginé par Skinner, l'ingénierie comportementale, devrait inspirer les dirigeants politiques actuels, qu'il s'agisse de l'économie, de l'éducation, des médias, des loisirs, etc...

Roman utopique, vraiment ? Dans Walden deux revisité, calqué sur Retour au meilleur des mondes, d'Huxley, qui avait lui parfaitement décrit les dangers de tous ces mécanismes, et s'était démarqué du 1984 d'Orwell, précisément par l'absence de toute coercition violente sur ses membres, Skinner raconte qu'il reçut un jour un coup de fil d'un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères, qui lui confiait que les Etats-Unis devaient arrêter d'exporter l'"américan way of life", et se consacrer à exporter des Walden two à la place. Et Skinner conclut : "De grands changements doivent être réalisés... Quelque chose comme Walden Two ne seraient pas un mauvais commencement".

L'exploitation du thème écologique à l'oeuvre dans Walden two, ne peut ici qu'entrainer l'adhésion du lecteur, qui en effet ne serait pas contre le gaspillage des ressources de la planète, et contre la pollution ? Cependant, qu'en serait-t-il de ceux qui n'adhèreraient pas, justement, de ceux qui seraient rebelles au programme de renforcement cognitif, de ceux qui loin de présenter le "réflexe de servitude" cher à Pavlov lorsqu'il parlait des koulaks russes exterminés, présenteraient "le réflexe de liberté" ?

Quel rapport avec les pacifiques thérapies cognitivo-comportementales ?

Il s'agit tout simplement du même programme politique, et des mêmes conceptions.

Ouvrons les premières pages d'un ouvrage de vulgarisation du cognitivo-comportementalisme, où l'auteur explique au lecteur profane qu'il existe deux types de vulnérabilité, une vulnérabilité génétique individuelle, liée à la personnalité, qui entrerait pour moins de 50% dans la décompensation psychique, et que le reste est expliqué par l'histoire individuelle et les évènements récents, c'est la vulnérabilité historique.

Qu'est ce que cette vulnérabilité génétique signifie ? Où nous mène t elle ?

A l'eugénisme ?

Nous ne sommes pas si éloignés des présupposés et des discours sur la dégénérescence.

Dans ce qui fût certainement sa dernière intervention publique, alors qu'il était déjà très malade, Edouard Zarifian, qui fût, rappelons le, l'un des pionniers en France de l'imagerie cérébrale, dénonçait les limites méthodologiques et l'usage biaisé de tous ces merveilleux appareils qui permettent de visualiser les structures cérébrales.

"Tout ce que l'on peut voir avec ces techniques", disait-il, "c'est ce qui existe chez tous les êtres vivants, à savoir l'universalité des fonctions cognitives du cerveau. En aucun cas, il ne s'agit de la spécificité du fonctionnement psychique d'un individu particulier et unique".

L'usage biaisé, voilà bien l'"evidence biaised medecine", qu'il dénonçait, c'est celui de prétendre pouvoir évaluer un sujet dans sa singularité avec les critères quantifiés et les statistiques des groupes.

Dans le compte-rendu qu'il donne de cette intervention qui avait été organisée sur le thème "La science jusqu'où ?" en 2005 par nos collègues Olivier Douville et Robert Samacher, et publié in extenso dans le numéro 23 de la Revue Psychologie Clinique (7), le Professeur Zarifian raconte qu' invité à un Colloque de l'INSERM où on lui demandait de faire le bilan de sa carrière de chercheur, il avait publiquement déclaré qu'il n'existait aucun index biologique des maladies mentales, aucun index biologique capable de prédire l'évolution d'un trouble psychique, aucun index biologique pas même en pharmacocinétique, capable de prédire la réponse à un traitement médicamenteux.

C'est alors, raconte-t-il, que quelqu'un assis à coté de lui sur la tribune, lui souffle à mi-voix qu'il est en train de scier la branche sur laquelle il est assis.

Le vertueux Édouard Zarifian ne veut pas dire dans son compte-rendu qui est cette sommité qui vient de lui sortir cette énormité. Mais Émile Jalley, autre organisateur de cette manifestation, et qui rend compte par ailleurs de cette intervention, lui, nous vend la mèche (8), il s'agissait de Jean-Pierre Changeux.

Il n'empêche, les thérapies cognitivo-comportementales, nous dit encore Édouard Zarifian, sont devenues, avec la caution de la neuro-psychologie cognitive, la roue de secours des neurosciences, leur plan B, lorsque celles-ci durent admettre leur déception face aux limites des psychotropes, qui soulagent sans guérir.

Aux neuro-sciences les crédits, les bourses de recherche, les chaires d'enseignement, fortes de leur application pratique que sont les TCC, à ces dernières la caution des neurosciences, sur lesquelles elles trouvent leur point d'appui, et d'argument pour éliminer la rivalité que leur cause la psychanalyse.

Car c'est bien d'élimination qu'il s'agit, c'est d'ailleurs le nom littéral que porte le courant "éliminationniste" en France et aux États-Unis, pour réclamer la fermeture des départements de psychologie clinique dans les universités, au prétexte que seule existerait la neuropsychologie.

Le scénario de l'éliminationnisme est banal, à force d'être toujours le même, et chacun a pu le rencontrer dans sa vie, personnelle ou professionnelle. Il s'applique facilement à des individus, comme à des groupes.

Il est tout autant recyclable au sein d'une famille à l'encontre d'un des leurs, que d'une entreprise envers des salariés ciblés, ou par un Etat totalitaire envers ses opposants.

D'abord il s'agit de disqualifier l'autre, par déformation grossière de ses propos, ou par divulgation de mensonges.

C'était par exemple le sinistre Livre noir de la Psychanalyse, ou encore cette réduction infantile de la psychanalyse, définition prise parmi d'autres, dans le dernier ouvrage, bien nommé, TCC et neurosciences, de Jean Cottraux, chef de file actuel des thérapies cognitivo-comportementales en France : "l'exagération de l'insight est la recherche obsessionnelle de manifestations cachées et de pensées forcément abominables qui pourraient expliquer notre comportement. (9)"

Ensuite chercher à l'isoler.

L'étape qui succède immédiatement est de lui faire creuser par lui-même sa propre tombe, en s'assurant de sa collaboration, ce qu'acceptent sans se faire prier un certain nombre de courants analytiques, de les encourager comme étant "la seule psychanalyse acceptable", ce que Pierre Fédida avait résumé d'une formule : La mascarade de la neuropsychanalyse (10).

Une autre tactique est de convoquer Freud comme précurseur des neurosciences pour mieux le récuser par la suite, en donnant l'impression, par un tour de passe-passe, de le reformuler.

Car il est toujours possible, c'est un exercice des plus faciles, d'isoler une phrase, voire un paragraphe entier, des textes de Freud, pour les orienter dans la direction que l'on souhaite, et leur faire dire ce qu'on veut.

Ne cherchez pas, je vous en donne un, de toutes les façons, vous n'auriez pu y échapper à la lecture des pèlerins du cognitivo-comportementalisme : "Toutes nos conceptions provisoires, en psychologie, devront être un jour placées sur la base de supports organiques" (11). Freud. "Pour introduire le narcissisme" (1914).

Mais il vous sera cependant difficile de ne pas lire la tautologie conclusive sur la théorie psychanalytique qui n'est jamais qu'une "fiction mentale consciente, dont il faut bien se garder de chercher une réalité tangible, biographique et biologique, dans l'histoire des rouages cérébraux du sujet analysé (12)".

Troisièmement, acheter le silence des témoins, et des complicités, c'est par exemple les postes que l'on promet aux jeunes chercheurs.

Enfin, nier qu'elle ait jamais existé, et effacer toute trace de son existence, quitte sans craindre les contradictions et les paradoxes, à ouvrir un musée des civilisations disparues. Encourager par exemple à lire Freud, sans jamais citer Lacan, et en soutenant qu'il était le découvreur non pas de l'inconscient, mais du conscient.

Il ne faudra pas oublier de reprendre à son compte les critiques telles que celles que je viens de vous énoncer, pour mieux les qualifier de "neuro-résistances (13)", comme il a pu y avoir en son temps, heureusement défunt, exacte symétrie, des résistances à la psychanalyse.

Il sera ensuite très simple d'entretenir la confusion entre la cause de la souffrance psychique et ses effets.

Tout devient alors possible, et l'autonomie de la vie psychique sur notre vie consciente, sera alors rabattue sur de simples effets des fonctions neurobiologiques.

À suivre...

Notes :

(1) Voir le site internet http : www.lawandneuroscienceproject.org

(2) Guy Sorman Economics does not lie. City journal, été 2008, disponible en ligne sur www.city-journal.org. Cité par Slavoj Zizek Après la tragédie, la farce ! ou comment l'histoire se répète. Flammarion. Bibliothèque des savoirs. 2010. pp.40-41

(3) Voir le documentaire de Boris Rabin : La fabrique du surhomme soviétique. 2009 (All.), première diffusion Arte. Novembre 2009

(4) J. Proust, "Le contrôle de soi : vers un homme nouveau", Le débat, N°157. Novembre-décembre 2009, pp. 124-143

(5) B.F. Skinner, Walden Two. Communauté expérimentale, Éd. In Press, 2005.

(6) Voir leur site internet (en anglais et en espagnol) : www.loshorcones.org

(7) E. Zarifian, "Neurosciences et psychismes : les risques et les conséquences d'un quiproquo", In "Les progrès de la science jusqu'où ?", Revue Psychologie clinique, N°23, p.18.

(8) E. Jalley, La guerre des psys continue. La psychanalyse française en lutte, L'Harmattan, 2007, p.369

(9) J. Cottraux, TCC et neurosciences, 2009, Masson, p.VIII

(10) P. Fédida, "La mascarade de la neuropsychanalyse", La recherche Hors Série . n°3.

(11) S. Freud, "Pour introduire le narcissisme" (1914), In La vie sexuelle, Paris, PUF, 1973. 4ème édition. p.86

(12) L. Naccache, Le Nouvel inconscient. Freud, le Christophe Colomb des neurosciences, Odile Jacob Poches, Février 2009, p.432

(13) L. Naccache, "Neuro-résistances", Le débat, n°152, Nov.-Déc. 2008, pp.154-161

vendredi 26 mars 2010

POUR UNE SPIRITUALITÉ RÉPUBLICAINE ZEN


Le philosophe et homme politique Vincent Peillon, nous a fait redécouvrir avec intérêt l'approche de la laïcité de Ferdinand Buisson. Prix Nobel de la paix en 1927, ce dernier a tenté d'instaurer une religion de l'humanité, une spiritualité laïque et dirigea l'écriture d'une véritable "bible de l'école laïque et républicaine". Aujourd'hui, cette démarche est à plus d'un titre exemplaire car elle montre qu'à la base de l'instauration de notre République, il y avait une inspiration philosophique et idéologique basée sur une dimension spirituelle indispensable à l'homme, que l'on a tendance à oublier et qui s'est lentement essoufflée. Ce qui semble cependant assez surréaliste, c'est la figure du "Christ républicain" qu'il a promue et qui aujourd'hui est peut-être obsolète, car basée sur un véritable oxymore...
La figure de Bouddha serait-elle aussi incongrue accollée à l'idée de République? Toujours est-il que les préceptes bouddhistes sont parfaitement laïques et aident à nous connecter à notre véritable nature. Le corps et l'esprit sont alors unifiés dans la pratique de l'octuple sentier. La reconnaissance des lois de l'interdépendance, de l'impermanence et de la vacuité permettent de respecter chaque être vivant et de développer altruisme bienveillance et compassion. Ces bases spirituelles pourraient servir de fondations à une pratique de la pédagogie basée sur le développement, non seulement de l'intellect, mais aussi du corps (le nôtre, mais aussi celui de l'autre), de l'inconscient, de l'intuition, de la méditation. Autant de dimensions à explorer pour faire des citoyens civilisés et responsables.

jeudi 25 mars 2010

S'IL N'Y A QUE DU LANGAGE...


"S'il n'y a que du langage la mère est un mot et son sens c'est le père"
Guy Massat, "Psychanalyse et mythologie"

Cette phrase s'est tout d'abord posée comme une énigme. Puis je me suis rappelé cette dissymétrie que pose la psychanalyse entre les fonctions maternelle et paternelle. Mère est alors posé comme mot, signifiant replié sur lui-même, sans ouverture sur un quelconque sens puisqu'il représente cette complétude originelle hors sens, hors toute chaine signifiante. Le Père vient ensuite poser cette coupure symbolique faisant naître le sens et donc le désir..."

vendredi 12 mars 2010

Les banksters


Extraits de l'article de J. Cl. Guillebaud dans le TéléObs du 4 mars 2010: "Violences à l'horizon", en réaction à l'émission "C dans l'air" de Yves Calvi du 19 février 2010

"(...) Rappelons que le "Petit Robert" donne du mot "prévarication" une définition qui n'implique pas forcément l'illégalité. Venu d'un mot grec qui signifie "abandon de la loi divine", le substantif désigne un acte de mauvaise foi commis dans une gestion. A ce titre, les dirigeants de la banque Goldman Sachs - et avec eux tous ceux qu'on appelle outre-Atlantique les banksters de Wall Street - agissent bel et bien en prévaricateurs sans foi ni scrupules. (...) Non seulement nous comprenons mieux les stratégies obliques de Goldman Sachs, capable d'encourager - coûteusement - un pays à dissimuler ses comptes puis, aussitôt après, de spéculer sur la déroute de son propre client, quitte à mettre au passage l'euro en difficulté. Les lois peuvent dire ce qu'elles veulent, force est d'admettre qu'un escroc classique n'agit pas différemment. Ainsi donc la première banque des Etats-Unis se comporte-t-elle en pure prédatrice, guidée par cet unique et étrange tropisme, la cupidité, que dénonce le prix Nobel Joseph E. Stiglitz, dans son dernier livre, "le Triomphe de la Cupidité". Il y a pire. On nous rappelle maintenant que les dirigeants - ou anciens dirigeants - de ladite banque ont infiltré la pouvoir politique américain, Maison-Blanche comprise. On en rencontre à la tête de la FED (la Réserve Fédérale), dans le proche entourage de Bill Clinton et, aujourd'hui, dans l'entourage d'Obama lui-même. Cela signifie que la direction de la première puissance du monde est largement subvertie, voire arraisonnée, par des "experts" qu'en d'autres temps on aurait qualifiés de forbans. Vu de loin, le "rêve américain" semble pulvérisé par l'empire de la cupidité.
Songeons aux conséquences lointaines de cet engloutissement moral. Vu de dehors, ce n'est pas seulement l'image de l'Amérique qui s'en trouve atteinte, mais celle de l'Occident tout entier. Pourrions-nous défendre les droits de l'homme, la démocratie, la liberté, le statut de la femme et le reste, si nous sommes perçus comme une anti-civilisation principalement gouvernée par la goinfrerie et le mensonge? Que pèseront les dédaigneuses critiques adressées à la "radicalité politique" d'extrême gauche quand nous serons, pour de bon, dans la main des banquiers? Apercevons-nous le boulevard qu'ouvre durablement aux terroristes la démence avérée d'un système prétendument "universel"? Attendons-nous à ce qu'elle allume un jour ou l'autre, en retour, des violences dont nul ne peut prévoir l'ampleur. Le fondateur de la république tchèque, Tomàs Garrigue Mazayik adressait en 1914 à ses militants l'avertissement suivant: "Pour affronter durablement une tyrannie, commencez par deux principes: ne mentez pas, ne volez pas." Les maîtres du moment - et du monde - font l'inverse. Les sots!" J.Cl.G.

jeudi 11 mars 2010

Kusen: pour un discours politique inspiré du zen


Le 31 janvier 2010, lors d'un kusen, je posais des questions au Maître Zen Roland Yuno Rech sur la possibilité de construire un nouveau discour séconomique et politique à partir de l'enseignement zen

Q : Je m’interroge sur la limite de notre implication dans la société, c’est-à-dire dans la vie de la cité, et donc dans la politique… Ce qui a donné le capitalisme actuel, c’est une philosophie… bon une philosophie, celle des Lumières, je ne suis pas historien… A l’origine d’une idéologie économique, politique, sociale, il y a une philosophie. Et je me demandais, et c’est ce que disait le garçon juste avant, on est dans une situation inédite, où face à des systèmes économiques qui se sont succédés en se cassant la figure, aujourd’hui il n’en reste plus qu’un - c’est le capitalisme, qui est dans la dualité continuelle : opposer les riches aux pauvres, etc. Le zen jusqu’à aujourd’hui ne s’est pas impliqué, n’est pas venu à l’origine d’une idéologie, et d’un système politique, économique, social… Pourquoi ne pas s’impliquer et inventer un système avec tous ses aspects idéologiques, économiques et politiques, pour qu’on favorise une meilleure pratique, pour « s’élever sur ce mât ». En ce moment c’est vraiment un questionnement profond que je me pose…

R : Oui, dans le zen et dans le bouddhisme il y a toujours ces deux polarités entre lesquelles on oscille. La polarité de se tourner vers l’intérieur et de favoriser le développement spirituel par la méditation ; et l’autre polarité c’est de se tourner vers le monde en tant que bodhisattva, de développer une pratique engagée, une pratique sociale, où l'on met en pratique les préceptes, ou paramita, dans le monde social. Jusqu’à maintenant (il y a quarante ans que le zen existe en Europe), l’enseignement a toujours été axé sur la dimension intérieure, sur la pratique. Mais en rappelant que cette pratique doit pouvoir trouver son expression dans le quotidien, dans le social, mais que c’est à chacun de trouver la forme qui lui est la plus judicieuse, et la plus appropriée, justement parce que le zen ne veut pas devenir une idéologie, ne veut pas devenir un système de pensée auquel on devrait se conformer. On a assez souffert du désastre de toutes les idéologies au XXème siècle pour éviter peut-être de recréer une nouvelle idéologie, en tous les cas prendre le temps avant de se lancer dans ce genre d’aventure parce que ça peut facilement tourner mal.

C’est-à-dire qu’à partir du moment où l'on conçoit un système, une idéologie, on enferme les gens dans une manière d’être où "l'on doit être comme ça". On entre dans le domaine de l’utopie : il y a un monde meilleur possible, et nous avons le remède pour accéder à ce monde meilleur possible. On sait faire le bonheur des gens, « on a les clés ». Et donc on va travailler ensemble à construire ce monde utopique, ce lieu du bonheur (c’est ce que veut dire utopique). Le point de départ, c’est très bien. La deuxième étape, c’est qu’il faut des moyens. Et parmi les moyens, il y a des tas de gens qui n’en veulent pas de ton bonheur « zen », alors qu’est-ce que tu fais avec eux ? Et bien ça devient des ennemis. Alors il faut les combattre, parce que c’est soit des ennemis, soit des obstacles. Donc on s’organise. Et pour arriver à fonder une société « zen », bouddhiste, « heureuse », et pratiquant les paramita, etc., il faut prendre le pouvoir, parce que sans prendre le pouvoir on n'y arrive pas. D’abord on va s’organiser en groupe de pression. On va faire des syndicats « zen », des partis « zen », essayer de gagner les élections. Si ça ne suffit pas de se présenter aux élections, on se rend compte qu’on n'y arrivera pas, on restera toujours minoritaires, à la fin on va se dire qu’on va faire la révolution. Puis à la fin on va devenir des terroristes « zen » pour essayer, comme toutes les minorités, de prendre le pouvoir par la terreur (rires). Je caricature volontairement ! … Dès l’instant où l’on s’embarque dans une idéologie qui va proposer une utopie, au départ on part avec de bons sentiments, et très rapidement on se heurte à une question de relation entre les moyens et les fins qui, jusqu’à maintenant (et je ne dis pas qu’on ne peut pas changer ça), a toujours abouti à la perversion de tous les idéaux. Moi si je suis venu au zen, c’est à cause de cette constatation-là. J’avais aussi une pensée de cette nature, plutôt révolutionnaire, à la recherche d’un monde meilleur. Et je me suis rendu compte que tous ces idéaux qui préconisaient de faire la révolution, ou en tout cas d’engager le monde dans une réforme profonde pour aller dans ce sens-là, ont été trahis, ont abouti même à l’extrême opposé de ce qu’ils ont poursuivi. Parce que pour entraîner l’adhésion d’une grande majorité de la population à un tel changement de régime, il faut des moyens. Et ces moyens finissent souvent par primer sur la fin qu’on se propose ; c’est là qu’apparaît la perversion du politique. Et tout pouvoir politique a toujours été perverti jusqu’à maintenant. Même les gens qui sont partis avec de grands idéaux. Je sais que toi, tu entres en politique, tu as peut-être même été élu déjà…

Q : Oui je le suis.

R : Dôgen a voulu faire la même chose. C’est vrai qu’au début quand on commence, on découvre une pratique, une voie de libération, et on a envie de la partager avec tout le monde, on veut pouvoir employer les grands moyens. On veut que ça se généralise, c’est tellement bon qu’il faut que tout le monde en profite! Pour que tout le monde en profite, il faut les grands moyens. Et les grands moyens aboutissent la plupart du temps à pervertir ce que l’on souhaite partager avec les autres. Donc moi, je suis devenu extrêmement prudent avec ça. Je dis simplement que notre œuvre de bodhisattva, c’est à nous-mêmes de montrer l’exemple, c’est à nous-mêmes, de proche en proche, de transmettre une pratique qui aide à changer la mentalité. Mais en douceur, par la politique de la tache d’huile, c’est-à-dire quelque chose qui se répand peu à peu, par contact, par proximité. On fait connaître le zen, puis il y a de plus en plus de gens qui le pratiquent. Plus les gens pratiquent, plus ils changent de mentalité. Plus ils changent de mentalité, plus ça influence les gouvernants, qui doivent aussi s’adapter au fait que la mentalité change, que les gens veulent autre chose, un autre monde, un autre monde possible… Et voilà. Pour l’instant j’en suis là de ma réflexion sur le sujet.

Q : Mais je crois que tu as pu caricaturer comme ça parce que tu pars de l’idéologie comme… (quelque chose de fondamentalement néfaste)

R : je caricature parce que ça fait quarante ans que j’y pense…

Q : La question que je me pose c'est que l'idéologie, c’est un discours. Or, le discours dominant aujourd’hui n’a pas un masque d’idéologie, c’est une idéologie. Quand on te fait croire que les télésurveillances ça va te mettre en sécurité, et que tu ne te poses pas de questions au-delà de ça… C’est un discours, au-delà d’une idéologie. Et la question que je pose, c’est pas d’aller convaincre les gens par la force, et de devenir des Staline du zen, mais c’est de proposer ce discours sur les saintes vérités dont tu parlais tout à l’heure, d’une manière vraiment plus impliquée – qu’elles se retrouvent dans un discours économique, dans un discours social, dans un discours sécuritaire. Parce que sinon le discours dominant, c’est de l’idéologie (elle est soft), c’est de dire : un étranger qui arrive en Corse, forcément, se retrouve rapatrié car ce n'est pas un réfugier mais un clandestin. Et personne ne dit rien. Parce qu’il y a une espèce d’idéologie, qui est étrangement sournoise, et elle se s'imposera aux dépens de tous les espaces de pensée comme le zen je pense, à court ou à moyen terme. C’est pour ça que je me dis : il faudrait peut-être penser à être plus impliqué, à la racine. Proposer un discours écologique, économique, qui soit inspiré profondément du zen.

R : … Participer à l’alter-mondialisme…

Q : Justement pas, c’est un long discours… Justement pas à ça puisque c’est un succédané. Il faut passer dans un autre registre, et pour moi le zen et les saintes vérités dont tu parlais, promouvoir cette non-dualité, pour moi c’est ce qui pourrait indiquer une solution au monde d’aujourd’hui.

R : C’est bien ce que je vous propose de faire, mais je vous propose de le faire dans la sphère de votre propre capacité d’influence, de proche en proche. Je ne vous propose pas de créer une association qui va brandir l’étendard du zen.

Q : Je me demandais pourquoi ça n’a jamais donné, comme une philosophie a donné des systèmes politiques, pourquoi est-ce que le zen ne pourrait pas en donner, n’en donnera pas peut-être ? Question ouverte…

R : Il y a des réflexions. Pas plus tard qu’avant-hier, je parlais de ça avec le nouveau kaikyosokan, le représentant du zen Soto japonais, qui maintenant est un italien. Il se trouve qu’il vient un peu du même horizon que moi au niveau idéologique, dans sa jeunesse… C’est un sujet qui peut redevenir d’actualité. Par exemple j’ai proposé pour le colloque de la Gendronnière qui a lieu tous les ans sur des thèmes qui ont rapport avec la société – le dernier thème, c’était l’individualisme… J’ai proposé que le prochain thème justement, comme ça fait sept-huit ans qu’on est trop concentré sur les cérémonies à mon goût, que le prochain thème soit un thème d’ouverture sur la société (donc ça répond vraiment à ta demande), et que du 1er au 3 octobre à la Gendronnière on évoque le thème de « qu’est ce que le zen peut apporter comme valeur dans le monde moderne, dans la société en crise dans laquelle nous vivons ? » Donc ce souci est là, avec simplement la prudence sur les moyens à utiliser. Je relisais à cette occasion ce que j’avais écrit à la demande de Maître Deshimaru, qui avait fait des kusen sur « zen et civilisation » dans les années 75-76. Il m’avait dit : Vous, vous êtes européen, c’est à vous de compléter ce que j’ai dit, et de faire un bouquin avec ça. J’avais écrit un texte. J’avais écrit un texte en 76 ou 77, je pourrais dire que trente-cinq ans après, je pourrais resigner le même. D’ailleurs je fais une conférence à Nice dans quelques temps sur « zen et civilisation », je vais reprendre justement cet ancien texte, d’il y a trente-cinq ans, et voir ce qui est encore actuel, et ce qui doit être changé. Mais moi j’ai toujours eu ce souci de comment le zen peut aider à résoudre les souffrances du monde, pas seulement à l’intérieur de nous-mêmes, mais aussi à l’intérieur de chacun. C’est aussi la fonction d’un bodhisattva. Je pense simplement que la création d’un mouvement de masse, avec une idéologie, une manière commune de penser, et puis toute une organisation et une structure, c’est dangereux. Parce que l’histoire a montré qu’à chaque fois ça a dévié, c’est ce que je dis depuis le début de ta question. Ca ne veut pas dire que moi je n’ai pas cette préoccupation ni de l’écologie, ni de l’amélioration du mode de vie des êtres entre eux par la pratique de l’enseignement du Bouddha. Je crois qu’on peut le faire par notre exemple, par le rayonnement qu’on peut avoir autour de soi, par des micro-actions dans la sphère où nous nous trouvons, l’action locale. Par exemple, toi si tu es élu dans un conseil municipal, je suppose que c’est le cas, tu peux faire intervenir ta vision « zen » de résoudre les conflits…

Q : Dans mon travail, partout, dans ma famille

R : C’est très bien J’encourage ça, mais je ne vais pas créer « un parti zen ». (rires)

Q : Merci.

samedi 27 février 2010

L'ÉTERNITÉ

Cette émotion qui traverse 2500 ans, comme un éclair, avant de prendre forme contemporaine.
Cette esthétique endormie dans les plis de l'histoire, qui vient nous émouvoir avec la fraîcheur de l'éternité.
Cette vérité disponible tant de siècles avant de s'actualiser en notre XXème à travers le travail et le regard d'un Picasso ou d'un Brancusi.
Cette beauté universelle nouant les deux extrémités de l'histoire humaine...
Autant de manifestations d'une éternité des vérités.

LA NOUVELLE FORCE


L.N.F. , ça sonne comme un parti politique.
En écoutant Alain Badiou aujourd'hui ( http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/radio-libre2/ ), je me disais qu'il faudrait vraiment sortir de ce discours consensuel que l'on appelle "démocratie". Démocratie au sens que lui a donné le capitalisme déployé" contemporain. Notre vision dualiste, va immanquablement cherché ce qui reste si l'on refuse le terme de démocratie. La dictature, le totalitarisme ou les diverses formes de "toutolarchies" (mono, oli, etc) ne semblent pourtant pas trancher avec le but de la démocratie anglosaxone (par opposition à une démocratie germanique) que nous avons adopté car il est le discours dominant, le seul discours de nos jours disponible. Ce but avoué aujourd'hui, c'est l'uniformisation des valeurs quitte à l'imposer par la force. Surtout si cette force sert les valeurs de profits et de domination. La démocratie sert alors d'étendard, et le vote populaire devient la garantie, le faire valoir de cette idéologie.
Mais pour qu'il y ait une nouvelle force qui puisse transformer le monde, il faut tout d'abord trouver les coordonnées d'un nouveau discours qui aujourd'hui semble se trouver dans le point aveugle de notre pensée contemporaine. Alors faisons comme les astronomes qui sentaient bien qu'une planète manquait dans notre système solaire pour expliquer certains phénomènes. Partons des quatre discours de Lacan et de ce cinquième discours, le discours capitaliste, pour théoriser un sixième discours, une nouvelle voie, racine d'une nouvelle force.

lundi 22 février 2010

DÉBAT SUR LA DIVERSITÉ NATIONALE ASSASSINÉE


"La France n'est ni un peuple, ni un territoire, ni une langue, ni une religion, c'est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n'y a pas de français de souche, il n'y a qu'une France de métissage."

Je ne sais pas si notre ministre a bien mesuré la profondeur de ses mots ou si c'est juste pour couvrir l'odeur pestilentielle d'un débat nauséabond... L'identité me semble être, en partie, et de manière toujours idéalisée, ce vouloir, cette volonté, cette envie, ce désir plus ou moins partagés de vivre ensemble, avec nos différences. Ce débat a t il développé ce sentiment et a t on analysé ce qui pouvait nous réunir ou nous opposer dans un pays nommé la France, sur un continent nommé l'Europe, sur une planète nommée la Terre? Ou est ce que cette violence d'état, organisée dans un discours, est dialectiquement liée à toutes ces violences qui nous accompagnent, nous entourent et nous traversent au quotidien. Ce discours produit le chacun pour soi, plutôt que l'interdépendance; la division plutôt que l'addition des forces; le court terme électoraliste avec ses haillons d'intolérance et de haine. Mais à qui profite le crime?
L'identité devient une valeur que l'on s'approprie comme un objet de consommation, comme un drapeau pour lequel on est prêt à mourir, comme des bénéfices toujours plus avidement recherchés à n'importe quel prix, bref comme une propriété que l'on ne veut pas partager...
Mais je mets ici un petit bijou dialectique qui prolonge cette réflexion. C'est un face à face entre deux Alain: http://bibliobs.nouvelobs.com/20091217/16522/finkielkraut-badiou-le-face-a-face
L'analyse d'Alain B. est violente, mais d'une extraordinaire justesse. L'ennemi est clairement désigné ainsi que les pièges et les mirages auxquels participe Alain F.

dimanche 21 février 2010

.....NOUS SOMMES TOUS DES ÊTRES EN JET.....

Nous sommes tous des étrangers échoués sur une plage,
Déchirés par la faim et le rêve improbable d'un monde meilleur.
Nous sommes tous des morceaux ajoutés
A ce tissu social aujourd'hui déchiqueté.

Je suis, comme vous, né dans un monde étrange que j'ai dû adopter.
Sans papiers sinon l'envie de vivre,
Sans identité sinon la certitude d'être singulier,
Sans d'autres rêves que celui de manger, de nourrir ma famille,
D'éprouver la liberté au sain d'une communauté diverse.

J'ai dans mon sang la calligraphie arabe, l'olivier espagnol et,
aujourd'hui, parfois, la honte et la peur d'être français.

"DES OUTILS DE DICTATURE"

Le Président de la Ligue des Droits de l'Homme, J.P. Dubois, a mis en mots ce que peu de gens ont l'air de voir: le gouvernement a fait passer un grand nombre de lois sécuritaires issues des thèses du front national. Très rapidement, depuis cinq ans, ont été mis en place "des outils de dictature". Pourquoi?(Voir l'article: http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2363/articles/a419241-.html )
Serait ce de la parano de penser que cette détermination est une stratégie préméditée. Aujourd'hui, la résignation et l'immobilisme citoyens laissent le champ libre pour faire des affaires, des économies, des plans de licenciement aussi drastiques qu'immoraux... L'Etat gère les services publics comme des P.M.E. qui doivent être rentables à tout prix. Mais demain, cette logique dévastatrice aura provoqué de telles inégalités que la révolte ne manquera pas de gronder. Le gant de velours ne serait il pas en train de nous fabriquer ce gant de fer qu'il devra probablement enfiler à plus ou moins long terme? Le flicage systématique, la mise au pas de toute contestation, la désignation d'ennemis de l'identité, de l'identique, permettront, au nom de la sacrosainte SÉCURITÉ, de tuer dans l'oeuf toute véléité de résistance à ce discours dominant. Les derniers remparts contre les abus de pouvoir, sont chaque jour contournés, détournés, muselés (CNIL, CNDS, juge d'instruction) dans l'indifférence générale. Liberté, tolérance, différence, vivre ensemble deviennent les coquilles vides fruit d'une crise avant tout idéologique et d'un discours toujours plus violent. Ce n'est peut-être que le début...

samedi 20 février 2010

TRIBUNAL VÉNAL INTERNATIONAL

Pourquoi y a t il des lois pour que les hommes puissent vivre en société et pas pour les banques, si souvent hors la loi, qui peuvent avoir des pratiques meurtrières en toute impunité. La loi du profit maximum ne peut être érigée en dogme sans que les citoyens ne réagissent ! Créons sans tarder un Tribunal Vénal International ...
Voir cette édifiante émission "le monde immoral de la finance": : http://www.france5.fr/c-dans-l-air/index-fr.php?page=resume&id_rubrique=1373

UN CON ...

«Un con est un imbécile qui n'a de cet organe ni la profondeur, ni la saveur.» Léo Campion

mercredi 17 février 2010

SOUS LES PAVÉS LA RAGE


Qu'est ce qui différencie l'insurrection d'un mois de mai qui emplissait les champs de corps nus enlacés aux notes de musiques psychédéliques
... de la résignation qui emplissait sans cesse ces wagons noirs, sinistres, partant alimenter la mort industrielle ?
... de ce monde sans voix qui accepte sans broncher le licenciement dans ses usines aux profits historiques?
... de ce cynisme banquaire, cette ironie financière qui plongent les faibles dans la misère et en tirent encore des intérêts, sans que personne ne se révolte?
Quelle est la différence entre la vie, l'amour qui révolutionnent parfois le monde et la mort chiffrée qui nous envoûte et nous consomme ?
Sommes-nous faits de chair, de sang, de rêves singuliers ou de simples machines, des numéros, des pourcentages ? Avons nous une parole à porter, à défendre, ou un silence de bestiaux attendant l'abattoir?

" C'est quand on n'a plus d'espoir qu'il ne faut désespérer de rien. "
Sénèque

mardi 16 février 2010

Proverbe kabyle


«Si tu ne sais pas où tu vas, regardes d’où tu viens.»

lundi 15 février 2010

C'est pour bientôt la fin de ce monde?


Tout fout le camp ma brav'dame, ... même la dialectique !
Tant qu'il y avait les partis de gauche, des syndicats puissants, il y avait une formation politique de cette jeunesse qui se cherchait entre révolte et renoncement. Aujourd'hui, ma pov' dame il n'y a plus que renoncement! Finis la dialectique, la lutte des classes, bienvenue aux analyses bancales qui ne désignent qu'un méchant comploteur: le riche, le financier, le banquier. Mais on s'indigne, juste en gromelant, sans se rassembler pour devenir plus fort et se faire entendre. Et on se retrouve seuls, dispersés, affaiblis, écoeurés face à l'inévitable! Depuis les années 80 l'idéologie capitaliste a bien réussi son coup: plus d'ennemi en face, plus d'alternative, plus de rêve. Le partage des richesses, la collectivité, l'entraide, etc : de douces utopies, des chimères vous dit -on, des objets désuets rangés au placard des idées obsolètes, avec le communisme et autres dictatures. Dans ce raccourci, tout est dit. Acceptez cette réalité, alimentez la, laissez la vous consommer, vous consumer: cherchez seulement à être plus fort, plus riche, plus consommateur, plus anesthésié que votre voisin et restez disponible à ce rêve en conserve, avec son code barre et son prix non négociable: sacrifier les restes de vos idéaux soixantehuitards !
Marx l'avait prévu, le capitalisme s'autodétruira de par sa structure même, sa logique interne. "Il n'avait pas prévu les circonvolutions que cela prendrait." Howard Zinn à écouter à l'adresse suivante: http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=1857

C'est pour bientôt la fin du monde? La fin de ce monde? Comment participerons nous à cette fin, ce renouveau?????

dimanche 14 février 2010

L'ART DE LA TRANSMISSION DU DOUTE


Le doute peut prendre deux visages tellement différents.
Il peut être ce doute créateur qui nous invite à être surpris au détour de l'inattendu, ce doute qui nous fait penser que rien n'est définitivement joué. Il est alors cette souplesse d'esprit qui nous rend toujours disponible à la part d'imprévu en soi même, dans l'autre et donc, dans chaque situation. On part de cette seule certitude, cette humilité qui nous fait accepter l'idée que l'on ne sait rien, comme disait Socrate à la fin de sa vie, ou si peu.
Et puis, il y a le doute de tout, de soi-même des autres. Cette faiblesse qui prend le masque souvent contradictoire de la certitude. Certitude que le monde entier nous veut du mal. Ce doute là, a un goût amer qui nous rend méfiant, sur la défensive, voire même agressif.
La première forme du doute est le produit de cette acceptation de notre incomplétude, du fait qu'il y a toujours quelque chose qui reste a dire, qui reste à faire ou à penser. Il est alors cet "en devenir", cet espace vivant qui permet a notre désir de se déployer dans un continuel renouvellement.
La deuxième forme voit cet espace devenir un vide , un abîme sidérant et l'on se réfugie alors dans ce temps mythique de la fusion, de la complétude (mirage d'un paradis à jamais perdu et non plus à venir). Ce temps d'avant le désir qui, comme le dit joliment A.D. Weill, vient du latin desidere, où l'on pourrait entendre "dé-sidérer".
Lorsque nous sommes parents, enseignants ou à toute autre place de "maître", nous transmettons à notre insu le doute. Parfois, par précipitation, par manque de lucidité, par bêtise ou par méprise, ce doute que l'on voulait transmettre pour que l'esprit critique apparaisse, ce doute "vrille" et est perçu comme comme le ferment d'une insatisfaction radicale, d'une révolte sans fin, d'une ironie destructrice, d'une infinie souffrance. Ce doute là est difficile à transformer, aussi faut-il être très prudent bien que tant d'ingrédients ne dépendent pas de nous...

jeudi 11 février 2010

ON N'APPREND PAS A VOIR


On n'apprend pas à voir.
On ressent dans chaque analyse qui nous est proposée que cela ne nous convient pas. On est excentrique, marginal, contestataire, révolté ou exclus... On a fini par croire qu'il fallait se résigner, qu'il n'y a a pas d'autre vie possible et on se sent écorchés par la bêtise ambiante.
On n'apprend pas à voir.
On laisse faire les habitudes, on temporise, on pactise. On prend son mal en patience et on se tait. On ricane avec ces humoristes qui oscillent entre humour et ironie et nous permettent de nous défouler le matin en nous rasant. On se regarde dans la glace et on se dit qu'on avait rêvé, mais que c'est du passé. Il n'y a eu que des utopies et des impasses, des erreurs et des faiblesses. On se console en se disant que le système a du bon. On a échappé au licenciement, au chomage, au découvert. On a un répit. on serre les dents et l'on comptabilise la misère pour mieux la circonscrire, mieux la cerner. On met des chiffres par dessus pour cautériser l'horreur de chaque histoire familiale, de chaque destin personnel englouti sous les dettes et qu'on étale sans vergogne sur l'écran bleu. On invoque la fatalité, le pas de chance. On oublie notre arrogance d'adolescent, notre hargne, notre poésie et qui nous faisait acteurs de chaque vers, de chaque rêve partagé sous la nuit étoilée.
On n'apprend pas à voir.
On se lève un matin et on entend une voix dans un poste de radio qui échappe un instant au discours ambiant. On a une sorte de révélation. On se dit qu'il existe encore une oasis lointaine, une manière de voir le monde qui nous rendra de nouveau acteurs de notre vie. On a peur que ce mince filet s'assèche et on essaie, avec anxiété, de reconstituer en nous ce discours qui se bâtissait sur les bancs de l'école, face à ce prof de français hirsute qui vous parlait d'Epicure, de Prévert ou de Freud. On se rappelle alors de la puissance de nos rêves et on arrête de parler pour se mentir, on tente de garder cette acuité dans l'analyse, de sortir des impasses dans lesquelles on s'est laissé doucement enfermé et l'on passe à l'action.
On n'apprend pas à voir.
On se rappelle seulement qu'on savait voir et qu'on a simplement oublié. Endormis que nous sommes par cet opium du peuple qu'est la publicité, la peur de perdre le peu qui nous a été concédé, le mirage de la réussité matérielle, l'envie de tirer notre épingle du jeu alors que le jeu est faussé. La peur de se rappeler, profondément, sincèrement, que tout est impermanent, que rien ne nous est définitivement donné en ce monde, mais simplement prêté. La propriété et le profit sont la source de ces guerres, de ces exclusions, de ces terrorismes profitables.
On n'apprend pas à voir...

mercredi 10 février 2010

THERMODYNAMIQUE ECONOMIQUE ET INTERDEPENDANCE


Je suis actuellement passionné d'économie et je constate chaque jour comment la mondialisation est un détournement de l'un des enseignements bouddhiste fondamentaux: l'interdépendance. Ce détournement s'st fait lentement au profit des financiers puis des entreprises. Alors que les frontières se ferment toujours plus pour les hommes, elles se sont entièrement ouvert pour les flux monétaires et pour les outils de productions, qui se délocalisent en fonction des seules règles de profit maximum et à très court terme.
J'ai été très marqué par le documentaire "Apocalypse". Cette magnifique fresque de la seconde guerre mondiale montre la synchronicité de ces trois mégalomanies sanguinaires: le nazisme, le stalinisme et l'impérialisme japonais et le jeu d'échec meurtrier qui s'est joué. C'est un besoin d'expansion de ces puissances qui manquaient de place, et la nécessité de trouver des réserves énergétiques sur leurs arrières, qui semblaient fonder la stratégie militaro-économique. Comme par miracle, l'Angleterre et l'Amérique ont remporté cette terrible partie et se sont partagé le monde avec l'URSS. La guerre est devenue économique et la recherche de main d'oeuvre bon marché était rentable sur le court terme, aujourd'hui, par un retour de balancier les pays dits émergeant pourvus en matières premières sont devenus les créditeurs des financiers occidentaux aveugles ou simplement prisonniers de leur logique...
L'interdépendance ne peut être utilisée par les finanicers et les entreprises, qui ont été conditionnés à fonctionner à court terme. Il faut donc des prises de position politiques et un discours qui ne fasse plus la promotion de la réussite à tout prix, mais celle d'une réussite répondant à des impératifs éthiques et à une vision écologique et écomuniste, où la répartition équitable de la production et des richesses retrouve toute sa noblesse...

dimanche 7 février 2010


"NOUS INTER-SOMMES."
Thich Nhat Hanh

samedi 6 février 2010

LE ROLE PSYCHO POLITIQUE DE LA PEUR

"La peur du jeune (je rajouterais de l'arabe, du juif, du SDF, de la différence...) est entretenue et joue un rôle psychopolitique" Pierre Joxe ( à écouter sur: http://www.dailymotion.com/video/xc46ge_pierre-joxe-france-inter_news)

ECONOMIE: CARRESSEZ UN CERCLE, IL DEVIENT VICIEUX


La spéculation financière a créé des bulles sous le regard bienveillant voire encourageant de nos états, puis les bulles ont explosé. Une gigantesque crise financière a menacé, mais nos états bienveillants, suivant la maxime ancienne que la bonne santé des entreprises et donc des financiers est la condition sinéquanone du bien être du pays, ont renfloué ces banques avec l'argent public. Mathématiquement, la dette s'est énormément alourdie pour les gentils pays bienveillants et apeurés par le sort de ces pauvres petites banques. Mais la crise financière est devenue économique puis deviendra bientôt politique. Les banques ont retrouvé immédiatement les profits et les agences de notations engueulent maintenant les méchants pays, les "pigs", car elles ont peur de leur faillite, en leur montrant l'addition dont ils sont en partie responsables et au risque de les destabiliser pour de bon... Ainsi les seuls pays du G7 totalisent aujourd'hui une dette de 30 000 milliards de dollars seulement !! (voir http://www.lepoint.fr/actualites-economie/2010-02-05/g7-30-000-milliards-de-dette-a-resorber/916/0/421312)
Ca me rappelle un jolie chanson: " La souris a peur du chat, le chat a peur du molosse, le molosse a peur du gosse qui a peur de son papa. Le papa a peur du flic qui a peur du commissaire lequel a peur de déplaire aux puissance politiques. Les puissances politiques filent comme des caniches devant ces messieurs les riches qui leur allonge le fric..." Je me rappelle plus la fin mais ça forme un cercle.

vendredi 5 février 2010

HAINE/AMOUR: DEUX DISCOURS


Prenons un pays avec sa diversité, ses différences: les riches et les pauvres, les exploitants et les exploités, les intégrés et les exclus... Puis comme il faut un tryptique, une trinité, il y a le reste du monde, l'étrange, l'étranger, l'autre.
Un premier discours permettra aux dirigeants de ce joli pays d'obtenir une certaine cohésion sociale: dénoncer l'autre comme dangereux, mal intentionné, voulant prendre ce que l'on a... La cohésion se fait contre cet ennemi imaginaire. Ainsi la guerre froide fait exister deux blocs, puis, aujourd'hui, les gentils occidentaux face aux méchants islamistes. En Israël, un jeune israélienne étonnamment lucide constatait que le problème palestinien permettait cette cohésion nationale entre les diverses composantes antagoniste de ce pays, face au méchant palestinien. Ainsi, en France, le jeune, l'immigré, la burqua, le SDF, sont désignés comme l'ennemi à abattre. Un joli consensus est obtenu et le peuple peut se défouler puis, rassasié, oublier les injustices criantes qui l'oppressent. Le chiffon rouge est agité et permet de détourner le regard de chacun de la lucrative boucherie dans laquelle nous tous pris.
Un deuxième discours inviterait à interroger, à accepter cette diversité. Il permettrait une analyse plus profonde pour comprendre pourquoi toute production crée de la marge, du déchet. Déchet économique (chomage), déchet social (SDF), etc. Et cette marge est d'autant plus difficile à récupérer qu'elle est rejetée, oubliée, méprisée, niée comme produit même de cette activité. Mais ce discours là serait le point de départ d'une réflexion dialectique qui nous mènerait à nous interroger sur les conditions d'une vie plus équilibrée, plus apaisée, moins aiguillonnée par les règles de la concurence, de la rentabilité, de la surenchère, de la spéculation. Autant de féroces mécanismes qui fondent la jungle du système libéral.
Est vraiment plus facile pour l'homme de se sentir vivre en appliquant le discours de la haine plutot que celui de l'amour? Ou est ce que ce sont des temps différents?