vendredi 5 février 2010

HAINE/AMOUR: DEUX DISCOURS


Prenons un pays avec sa diversité, ses différences: les riches et les pauvres, les exploitants et les exploités, les intégrés et les exclus... Puis comme il faut un tryptique, une trinité, il y a le reste du monde, l'étrange, l'étranger, l'autre.
Un premier discours permettra aux dirigeants de ce joli pays d'obtenir une certaine cohésion sociale: dénoncer l'autre comme dangereux, mal intentionné, voulant prendre ce que l'on a... La cohésion se fait contre cet ennemi imaginaire. Ainsi la guerre froide fait exister deux blocs, puis, aujourd'hui, les gentils occidentaux face aux méchants islamistes. En Israël, un jeune israélienne étonnamment lucide constatait que le problème palestinien permettait cette cohésion nationale entre les diverses composantes antagoniste de ce pays, face au méchant palestinien. Ainsi, en France, le jeune, l'immigré, la burqua, le SDF, sont désignés comme l'ennemi à abattre. Un joli consensus est obtenu et le peuple peut se défouler puis, rassasié, oublier les injustices criantes qui l'oppressent. Le chiffon rouge est agité et permet de détourner le regard de chacun de la lucrative boucherie dans laquelle nous tous pris.
Un deuxième discours inviterait à interroger, à accepter cette diversité. Il permettrait une analyse plus profonde pour comprendre pourquoi toute production crée de la marge, du déchet. Déchet économique (chomage), déchet social (SDF), etc. Et cette marge est d'autant plus difficile à récupérer qu'elle est rejetée, oubliée, méprisée, niée comme produit même de cette activité. Mais ce discours là serait le point de départ d'une réflexion dialectique qui nous mènerait à nous interroger sur les conditions d'une vie plus équilibrée, plus apaisée, moins aiguillonnée par les règles de la concurence, de la rentabilité, de la surenchère, de la spéculation. Autant de féroces mécanismes qui fondent la jungle du système libéral.
Est vraiment plus facile pour l'homme de se sentir vivre en appliquant le discours de la haine plutot que celui de l'amour? Ou est ce que ce sont des temps différents?

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