dimanche 14 février 2010

L'ART DE LA TRANSMISSION DU DOUTE


Le doute peut prendre deux visages tellement différents.
Il peut être ce doute créateur qui nous invite à être surpris au détour de l'inattendu, ce doute qui nous fait penser que rien n'est définitivement joué. Il est alors cette souplesse d'esprit qui nous rend toujours disponible à la part d'imprévu en soi même, dans l'autre et donc, dans chaque situation. On part de cette seule certitude, cette humilité qui nous fait accepter l'idée que l'on ne sait rien, comme disait Socrate à la fin de sa vie, ou si peu.
Et puis, il y a le doute de tout, de soi-même des autres. Cette faiblesse qui prend le masque souvent contradictoire de la certitude. Certitude que le monde entier nous veut du mal. Ce doute là, a un goût amer qui nous rend méfiant, sur la défensive, voire même agressif.
La première forme du doute est le produit de cette acceptation de notre incomplétude, du fait qu'il y a toujours quelque chose qui reste a dire, qui reste à faire ou à penser. Il est alors cet "en devenir", cet espace vivant qui permet a notre désir de se déployer dans un continuel renouvellement.
La deuxième forme voit cet espace devenir un vide , un abîme sidérant et l'on se réfugie alors dans ce temps mythique de la fusion, de la complétude (mirage d'un paradis à jamais perdu et non plus à venir). Ce temps d'avant le désir qui, comme le dit joliment A.D. Weill, vient du latin desidere, où l'on pourrait entendre "dé-sidérer".
Lorsque nous sommes parents, enseignants ou à toute autre place de "maître", nous transmettons à notre insu le doute. Parfois, par précipitation, par manque de lucidité, par bêtise ou par méprise, ce doute que l'on voulait transmettre pour que l'esprit critique apparaisse, ce doute "vrille" et est perçu comme comme le ferment d'une insatisfaction radicale, d'une révolte sans fin, d'une ironie destructrice, d'une infinie souffrance. Ce doute là est difficile à transformer, aussi faut-il être très prudent bien que tant d'ingrédients ne dépendent pas de nous...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire